Loi anti-gaspillage : quel impact sur l’industrie de la mode ?

 

Deuxième secteur le plus polluant au monde, l’industrie textile émet 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre chaque année. Avec un jean qui fait 1,5 fois le tour de la planète entre le champ de coton et le magasin qui le vend et 2 700 litres d’eau pour la fabrication d’un tee-shirt, la loi anti-gaspillage était plus qu’attendue par les éco-citoyens et les éco-entreprises. Pionnière en Europe, la France a proposé un texte qui se veut très contraignant pour l’ensemble des secteurs d’activités et plus particulièrement pour la mode et l’hygiène. Bertyne fait le point pour vous sur les prochaines étapes de mise en application de ces règles de réduction des déchets.

 

Qu’est-ce que la loi anti-gaspillage ?

Réduction des déchets et arrêt du gaspillage

En réponse à une directive européenne de 2018, la loi anti-gaspillage ambitionne d’accélérer la transition vers des modes de production et de consommation plus respectueux des ressources naturelles, de la biodiversité et du climat à travers la réduction des déchets.

Elle veut profondément révolutionner nos sociétés qui aujourd’hui ne sont pas viables à long terme.

La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire entrée en vigueur au 10 février 2020 compte 130 articles abordant tous les secteurs où les gaspillages peuvent être limités : alimentation, hygiène, mode, consommables, informatique, etc.

On parle d’économie circulaire quand la production ne conduit pas de la consommation à un déchet, mais lorsqu’un produit suit un cycle depuis la production jusqu’à sa réutilisation ou son recyclage.

Cinq axes pour moins gaspiller

La loi pour une économie circulaire comprend 5 axes d’amélioration pour lesquels nous pouvons apporter notre contribution :

  • Sortir du plastique jetable
  • Informer davantage et mieux les consommateurs
  • Éviter le gaspillage et penser à la réutilisation
  • Agir contre l’obsolescence programmée
  • Produire mieux et plus durable

Des échéances ambitieuses pour une loi pionnière en la matière

Les différents objectifs seront à atteindre au cours des années à venir avec une première échéance pour l’interdiction d’éliminer les produits textiles au 1er janvier 2022. Les 20 prochaines années seront déterminantes pour réduire notre impact sur l’environnement et tenter une fois pour toutes d’inverser la tendance. Le zéro plastique est visé à l’horizon 2040.

Cocorico ! En tant que Français et Françaises, nous sommes tout de même fiers de constater que la loi anti-gaspillage représente une initiative française avant-gardiste par rapport au reste de l’Europe. En effet, les mesures prévues sont réellement contraignantes et leurs effets devraient être considérables, si tout le monde respecte la loi !

Nous espérons ainsi servir d’exemple pour de nombreux pays d’Europe afin que des normes communautaires soient rapidement établies pour contrôler à plus grande échelle un modèle industriel qui ne peut que nous conduire à la catastrophe.

 

D’où vient le gaspillage présent dans l’industrie de la mode ?

La fast fashion au pouvoir depuis trop longtemps

La fast fashion a contribué pendant des années au renouvellement beaucoup trop fréquent de nos armoires. Entre achat coup de cœur et dépenses compulsives, nous possédons beaucoup trop de vêtements, ce qui génère chaque année de nombreux déchets.

Parallèlement, l’industrie de la fast fashion est obligée pour répondre à la demande de renouveler sans cesse ses collections, peu importe les invendus qui partent en fumée. Oui, tout simplement brûlés !

Des stocks dont on ne sait pas quoi faire

Malgré des promotions quasi permanentes, des opérations de déstockage et autres techniques commerciales alléchantes, les consommateurs veulent de la nouveauté plus que tout.

Louer des entrepôts pour conserver les invendus revient trop cher. Étant donné les quantités dont il est question, un stockage serait de toute façon impossible à long terme !

Ce modèle économique n’est pas viable et nos armoires n’en peuvent plus.

Le modèle slow fashion insuffisant pour résoudre le problème

La slow fashion fait de plus en plus d’adeptes qui revendiquent la qualité et la durabilité des textiles, ainsi que des cycles de vie des vêtements plus respectueux de l’environnement et des populations. Le dressing devient minimaliste pour contenir les vêtements indispensables et ceux que l’on aime vraiment.

Malheureusement, la loi anti-gaspillage s’impose pour ralentir un phénomène de surconsommation encore prépondérante dans nos sociétés.

 

Comment la loi anti-gaspillage va-t-elle changer les industries textile et hygiène ?

Janvier 2022 : Fin de l’élimination des invendus textiles

Près de 20 000 tonnes de textiles sont détruites en France chaque année. L’élimination des invendus sera désormais interdite à compter du 1er janvier 2022 pour toutes les enseignes, fabricants, distributeurs, ainsi que pour les commerçants sur Internet.


Cette nouvelle réglementation ambitionne une production plus raisonnée, ainsi que la recherche de solutions de réemploi, comme les dons, et de valorisation, par exemple avec l’up-cycling.

L’économie circulaire vise à offrir une seconde vie aux produits qui n’en ont finalement jamais eu !

Les fabricants qui essayeraient de contourner la loi s’exposent à des sanctions proportionnelles à l’infraction, ainsi qu’à une mauvaise publicité pour leur enseigne ! Par conséquent, une meilleure gestion des stocks et des approvisionnements s’impose dès à présent.

Janvier 2022 : Fin de l’élimination des produits d’hygiène

Près de 2 millions de femmes se trouvent en situation de précarité menstruelle, car elles n’ont pas les moyens de s’offrir chaque mois des protections hygiéniques.

Les associations peinent à récolter les produits d’hygiène de base tels que savons, dentifrices, papiers toilette, couches, etc.

Avec une prise d’effet au 1er janvier 2022, la fin de la destruction des produits d’hygiène rendue obligatoire par la loi anti-gaspillage permettra de combler ce manque et d’éviter également la surproduction.

Entre 2021 et 2024 : Création de fonds pour le réemploi des produits textiles et d’hygiène

La loi anti-gaspillage ambitionne la création de fonds pour le réemploi de textiles et de produits d’hygiène au sein même des associations caritatives.

La France oblige les fabricants à l’origine de déchets à financer la fin de vie de leurs produits. Ainsi, les filières à responsabilité élargie des producteurs (REP) devront soutenir les acteurs du réemploi à hauteur d’une contribution de 5 % par filière. Cela représentera 50 millions d’euros investis chaque année dans cette démarche. 

 Les filières textiles et chaussures, emballages et médicaments sont particulièrement concernées. Chaque filière dispose de son propre calendrier entre 2021 et 2024 pour rendre cette mesure opérationnelle.

Le gaspillage de tonnes d’objets, tous secteurs confondus, sera limité et les produits se verront offrir une seconde vie. De nouveaux emplois devraient également être créés pour s’occuper de cette ambitieuse et indispensable mission.

Dès 2021 : Mise en place d’un bonus-malus pour favoriser les produits écoresponsables

Pour l’instant peu de produits proposent ce bonus-malus sur leur emballage.

Le système de bonus-malus permet d’informer le consommateur sur les produits les plus écoresponsables disponibles et a contrario sur les plus néfastes.

Parmi les produits écoconçus, on retrouve ceux :

  • Fabriqués à partir de procédés écologiques
  • Conçus avec des matières recyclées ou recyclables
  • Biodégradables
  • Sans suremballage
  • Facilement réparables
  • Etc.

Les éco-organismes qui instaureront les bonus et les malus auront des objectifs de réparabilité des produits ou encore de recyclage à atteindre.

Le bonus-malus prendra la forme d’un code couleur ou d’un pictogramme. Rien n’est clair à ce sujet pour l’instant, ce qui contribue à retarder la mise en place de cette démarche…

Janvier 2025 : Les lave-linges neufs seront équipés d’un filtre à microfibres de plastique

La pollution de l’industrie textile passe également par l’émission de microparticules de plastique à chaque lavage.

La loi anti-gaspillage impose à partir du 1er janvier 2025 que les lave-linges neufs, professionnels ou non, soient équipés d’un filtre à microfibres plastique. Ce dispositif limitera la dispersion de plastique vers les océans.

 

Comment réduire les déchets du quotidien dès maintenant ?

Bertyne accueille cette loi anti-gaspillage avec un profond soulagement. Si les mesures prises sont respectées scrupuleusement par tous et aux dates souhaitées, les effets sur l’environnement et les sociétés devraient peu à peu se ressentir.

Nous pouvons agir à notre échelle dès maintenant pour lutter contre le gaspillage. Voici quelques pistes pour apporter votre contribution à la réduction de votre empreinte carbone :

  • Donnez, vendez ou upcyclez les vêtements que vous ne portez plus
  • Refusez les achats vestimentaires et d’hygiène compulsifs qui contribuent à la surconsommation
  • Privilégiez les boutiques de seconde main pour les achats textiles, notamment pour les enfants qui grandissent si vite
  • Renoncez aux protections hygiéniques jetables au profit de dispositifs réutilisables comme les culottes de règles ou les serviettes hygiéniques lavables
  • Optez pour des cosmétiques solides pour vous diriger vers une salle de bain zéro déchet
  • Choisissez les produits cosmétiques, alimentaires ou textiles qui contiennent le moins d’emballage
  • Gardez toujours dans votre sac à main des sachets réutilisables pour acheter vos courses en vrac

Cette liste d’astuces zéro déchet ne représente qu’une ébauche de tout ce que nous pouvons faire pour réduire les déchets produits. La loi anti-gaspillage vous donne également des pistes pour consommer moins, mais mieux.

Vous avez maintenant une vision plus claire des mesures prises par la loi anti-gaspillage pour lutter contre la pollution, la surconsommation et bien sûr le gaspillage. À travers sa culotte de règles en coton bio, Bertyne s’engage déjà au quotidien pour réduire son impact sur la planète. Nous remercions toutes nos clientes de contribuer avec nous, et à notre échelle, à un monde meilleur et plus juste.

Laissez un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être affichés